FDG-TEP-TDM chez le diabétique : et si on arrête la metformine ?

La tomographie par émission de positons (TEP) couplée à la tomodensitométrie (TDM) est le plus souvent réalisée après administration intraveineuse d’un analogue du glucose, le 18F-déoxyglucose. L’hyperglycémie peut par elle- même interférer avec la captation cellulaire du FDG, mais chez le diabétique, la metformine  favorise en plus son accumulation intestinale selon des mécanismes qui restent à préciser. Quoi qu’il en soit, les deux facteurs c’est-à-dire une hyperglycémie franche et la prise de cet antidiabétique oral peuvent gêner l’interprétation de l’examen dans certains cas, selon l’expérience et les convictions du spécialiste de cette imagerie moléculaire.

Trois groupes de patients diabétiques

Une étude comparative s’est penchée sur l’impact que peut avoir l’arrêt plus ou moins différé de la metformine sur la qualité des images en question. A cette fin, 3 groupes de patients diabétiques ont été constitués en fonction de l’exposition au médicament : (1) témoins : pas d’arrêt ; (2) arrêt 24 h avant l’examen ; (3) arrêt 48 h avant. La captation du FDG a été évaluée en divers segments du gros et du petit intestin par deux experts qui ont analysé les images à double insu, de manière qualitative et semi-quantitative en déterminant notamment plusieurs valeurs régionales du SUVmax (maximum standardized uptake value) centrées sur le tube digestif.

Au total, 90 patients (dont 68 hommes ; âge médian, 70 ans) ont été inclus. Les 3 groupes étaient comparables 3 jours avant l’examen pour ce qui est du poids, de la glycémie, de la dose de metformine, de la durée d’exposition à ce médicament, de la dose de FDG et de la normalité de la distribution du traceur au sein de l’organisme.

24 et 48 heures après l’arrêt de la metformine

Par rapport au groupe témoin (1), les valeurs du  SUVmax se sont avérées plus basses dans les groupes 2 et 3 au niveau : (1) du gros intestin : respectivement 4,10 ± 2,00 vs5,42 ± 2,36 (témoins) ; p = 0,020 et 2,63 ± 0,88 vs 5,42 ± 2,36 (témoins) ; p ˂ 0,001) ; (2) de l’intestin grêle : 2,86 ± 0,67 vs 3,73 ± 1,08 (témoins) ; p ˂ 0,001) et 2,78 ± 0,73 vs3,73 ± 1,08 (témoins) ; P˂ 0,001). La différence entre les groupes 1 (24 h) et 2 (48 h) est apparue statistiquement significative au niveau du gros intestin  (p = 0,0015)  mais pas  de l’intestin grêle (p = 0,57). Après 48 heures d’arrêt de la metformine, la glycémie mesurée le jour de l’examen s’est avérée significativement plus élevée que dans le groupe témoin, soit 8,41 ± 2,86 vs 6,83 ± 2,13 mmol/l; p = 0,002).

Cette étude démontre que l’arrêt prolongé de la metformine (48 heures) diminue significativement la captation intestinale du FDG, notamment colique,  au prix d’une élévation de la glycémie d’environ 20 %. L’interprétation de la TEP en est-elle pour autant facilitée ? Rien n’est moins sûr sauf peut-être au niveau du côlon, mais cela reste en toute rigueur à démontrer…

Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE
Hamidizadeh R et coll. : Metformin Discontinuation prior to FDG PET/CT: A Randomized Controlled Study to Compare 24- and 48-hour Bowel Activity.Radiology. 2018 ;289: 418-425.
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