Plutôt la frite avec la pomme de terre !

Les pommes de terre sont largement consommées en France : 20 à 25 kg /an/habitant. Selon les modes de préparation, elles recouvrent des produits très différents aux profils nutritionnels variés, depuis les pommes de terre au four aux frites.

Côté composition, leur contenu élevé en amidon, avec un index glycémique élevé pourrait favoriser le cancer colorectal, le diabète de type 2 ou l’hypertension. Les modes de préparation, comme les fritures « profondes » sont susceptibles de générer des composés comme  l’acrylamide, défavorable pour le contrôle glycémique, ou des acides gras trans. En revanche, les pommes de terre sont une source considérable de vitamine C, de potassium, de fibres et de polyphénols. Selon les variétés, ces derniers pourraient inhiber l’hydrolyse de l’amidon, réduisant l’index glycémique.

Leurs effets sur les risques de maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2 et du cancer colorectal montrent des résultats contrastés. 

Un légume sans effet néfaste pour la santé, globalement

Les auteurs ont donc réalisé une métanalyse sur les effets de ce légume tuberculeux, sur les maladies précitées, en tenant compte si possible des différentes préparations. Trente publications portant sur 23 cohortes, ont été analysées prospectivement. Les résultats ont été restitués pour une portion de 150 g/j, sauf indication contraire.

•    La consommation totale de pommes de terre, dans les études qui ne donnent pas plus de détails, n’était associée ni à la mortalité générale, ni aux maladies coronariennes, AVC, cancer colorectal. Néanmoins les études prolongées (≥ 10 ans) et européennes retrouvent une association avec ce cancer. Pour une consommation totale supérieure à 134 g/j de ce légume et jusqu’à 190 g/j, le risque augmente environ de 25 %.
•    Les consommations de pommes de terre, bouillies, au four, en purée, n’étaient pas associées au risque d’hypertension artérielle (risque relatif RR: 1,08, intervalle de confiance à 95 % IC 0,96–1,21), mais modestement à celui du diabète de type 2 (RR : 1,09, IC 1,01–1,18).
•    La prise de frites était associée à une augmentation marquée du risque de diabète de type 2 de 66 % (RR: 1,66, IC 1,43–1,94) et d’hypertension de 37 % (RR : 1,37, IC 1,15–1,63).

Les chercheurs invitent à interpréter ces résultats avec prudence, car les pommes de terre sont souvent consommées (USA notamment) avec d’autres aliments défavorables comme la viande rouge et les boissons sucrées, qui auraient pu influencer ces données dans certaines cohortes. 

Juste un faible risque de diabète de type 2

Pour conclure, les pommes de terre dans leur ensemble, fréquemment consommées, ne posent pas de problème majeur, si ce n’est un faible risque de diabète de type 2 pour les formes bouillies. En revanche les frites plus particulièrement sont associées au diabète de type 2 et à l’hypertension. D’une façon générale, les pommes de terre ne doivent pas être considérées comme défavorables à la santé, compte tenu de leur apport nutritionnel. Certaines préparations doivent cependant être consommées moins régulièrement, et les filières agricoles devraient sélectionner des variétés riches en polyphénols.

Dr Viviane de La Guéronnière
RÉFÉRENCE
Schwingshackl L et coll. : Potatoes and risk of chronic disease: a systematic reviewand dose–response meta-analysis. Eur J Nutrition, 2018; publication avancée en ligne le 9 juillet. DOI: 10.1007/s00394-018-1774-2.
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