Triathlon. Plus fort que le diabète

16 mai 2013

Terminer le redoutable triathlon Ironman de Lanzarote (Espagne), durant lequel l'alimentation est une notion clé, tout en gérant son diabète récemment diagnostiqué : voilà le défi du Landernéen Vincent Léost, samedi aux Canaries.

Photo O. L.

Ironman ! Ce nom ne fait pas que rêver les fans du super-héros incarné par Robert Downey Jr. Sur la planète triathlon, il évoque ceux qui sont venus à bout des 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme et 42,195 km de course à pied. Des « hommes de fer » - et des femmes aussi ! - qui se fixent des objectifs, les dépassent ou se font rattraper par les limites de leur corps. Cette aventure sportive pas comme les autres, Vincent Léost, 37 ans, a bien failli ne jamais pouvoir la vivre. Athlète passé au triathlon depuis quatre saisons aux Dauphins de l'Elorn Landerneau Triathlon (29), il a même cru devoir dire adieu au sport quand, en décembre 2011, on lui a diagnostiqué un diabète de type 1, « ce qui est assez rare passé 25 ans ».

« Six fois le taux normal » 

« J'étais tout le temps fatigué, je buvais 10-12 litres d'eau par jour et la prise de sang a finalement indiqué un taux de sucre six fois supérieur à la normale. J'ai été hospitalisé d'urgence huit jours pour revenir à une glycémie normale et apprendre à gérer mon diabète, entre l'alimentation et les injections d'insuline. Pendant 24 heures, ça a été la grosse déprime. Je pensais que cela allait bouleverser mon quotidien, celui de ma famille et que je n'allais plus manger que du riz à l'eau. Puis, on m'a rassuré en me disant qu'en faisant quelques efforts - ce qui est bien plus facile à mon âge que pour un enfant ou un adolescent -, je pouvais ne pratiquement rien changer et manger encore des frites ! ». Autre bonne nouvelle, on lui conseille comme activité physique la formule magique du triathlon : natation, cyclisme et course à pied. « L'exercice physique permet un meilleur contrôle du diabète », confirme Sandra Lesven, l'endocrinologue qui le suit à l'hôpital de la Cavale Blanche, à Brest.

Sucré comme un paquet de bonbons 

Il reprend donc sa préparation pour le Tribreizh de Sizun, (1,9 km de natation, 90 de vélo et 21 à pied) qu'il bouclera, en juin 2012, en 5h47 minutes, avec des crampes incroyables. « La pluie a faussé mon test de glycémie et j'ai cru que je devais manger tout ce que j'avais sur moi. Du coup, j'ai débuté le semi-marathon sucré comme un paquet de fraises Tagada ». Encouragé par de réconfortants « Su-sucre est magique ! », l'informaticien franchi la ligne épuisé mais « convaincu que l'arrivée du diabète ne m'empêcherait pas d'avoir une vie normale ». Ni de se lancer dans un pari encore plus fou ! « Sur internet, j'ai trouvé trois diabétiques qui ont terminé un Ironman et comme un groupe pour Lanzarote (Canaries) se créait au club, c'était l'occasion d'y aller ». Entraîné par Arnaud Constans, huit Ironman au compteur, il embarque pour une préparation de 26 semaines. Comme ses neuf collègues, il a nagé 198 km, pédalé 4.642 bornes et avalé 830 km à pied. « La vie de famille en prend forcément un coup mais je ne regrette pas qu'il se soit lancé. Et puis, comme c'est moi qui lui ai payé l'inscription... », sourit sa femme, Aurélia, également triathlète et qui « espère simplement qu'il finira l'épreuve ».

Entre douze et quatorze heures 

« Il lui reste le doute de la première fois mais il ira au bout, j'en suis sûr », pronostique Arnaud Constans qui ne l'a pas plus ménagé qu'un autre et l'a « vu progresser au fil des mois, être moins souvent blessé et super bien gérer sa glycémie. C'est indispensable car l'alimentation avant et pendant une telle épreuve, c'est la clé. On perd 10.000 kilocalories pendant la course ». Soit trois fois les besoins quotidiens d'un sportif régulier. Pour Vincent Leost, un peu plus encore que pour les 1.800 autres concurrents qui vont plonger samedi, à 7 h, cela représente « une quatrième épreuve. Je devrai manger juste avant de partir. Je me testerai plusieurs fois en course et si je suis en hypoglycémie, il me faudra me resucrer et attendre 20 minutes avant de pouvoir repartir ». Pour « douze heures ou 14 heures » d'efforts, de souffrances et de joie pour celui qui aime à reprendre la devise de son club : « La douleur n'est qu'une information ». « Et puis si le diabète est tout de même à prendre au sérieux, on est très bien suivi en France et ce n'est » que « le diabète, il y a pire dans la vie. » Si c'est lui qui le dit, alors : « Allez Su-sucre ! ».
  • Olivier Louarn

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