Diabète : la médecine traditionnelle chinoise, un atout complémentaire ?

Le 31 mars 2013 à 15h37

Par Janlou Chaput, Futura-Sciences


Les pilules Xiaoke, utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise contre le diabète de type 2, pourraient renforcer l’efficacité des traitements actuels contre cette maladie. Les patients sous médicament antidiabétique qui ont en plus avalé ces comprimés ont connu moins d’épisodes hypoglycémiques.
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Bien que la planète soit désormais en proie à une épidémie mondiale de diabète, cette maladie métabolique n’a rien de nouveau. Il y a plus de deux mille ans, les Chinois mélangeaient les plantes pour guérir ce mal, souvent désigné par le terme Xiaoke, associé à différents symptômes, comme une urine sucrée, une soif permanente ou un appétit débordant.
Depuis quelques décennies, l’obésité se généralise et les troubles associés, comme le diabète justement, se banalisent, principalement dans le monde occidental. Grâce aux efforts des chercheurs, il existe aujourd’hui une gamme de traitements face à ce trouble, même si aucun n’a encore le pouvoir de le guérir.
En revanche, ces thérapies ne se basent pas sur les connaissances des médecins chinois de l’Antiquité, et le monde scientifique se montre même souvent sceptique face à une pharmacopée traditionnelle qui n’a pas toujours été validée en laboratoire. Si certains de ces médicaments semblent efficaces, d’autres pourraient à contrario s’avérer toxiques.
Si dans les pays développés nous nous soignons avec des médicaments ayant été testés et éprouvés en laboratoire et dans des essais cliniques, les auteurs de cette étude précisent que 80 % de la population des pays en voie de développement utilise au quotidien les médecines traditionnelles pour guérir les maladies bénignes. Peut-être avons-nous plein de choses à en retirer.
Les auteurs de cette étude rappellent que 80 % de la population des pays en voie de développement utilisent au quotidien les médecines traditionnelles pour guérir les maladies bénignes. Peut-être avons-nous de bonnes choses à en retirer. © Sirer, StockFreeImages.com
Un médicament chinois en complément d’un traitement du diabète
Une collaboration entre les universités du Queensland (Australie) et dePékin (Chine) vient d’apporter des éléments montrant que la médecine traditionnelle chinoise peut contribuer à aider les patients diabétiques. Mais seulement en complément des thérapies actuelles.
En tout, 800 personnes atteintes de diabètes de type 2 ont pris part à cetessai clinique publié dans Plos One et mené sur 48 semaines. Ces volontaires étaient divisés en deux groupes : tous étaient traités par un antidiabétique, le glibenclamide, mais la moitié bénéficiait en plus de 5 pilules de Xiaoke par jour, traitement traditionnel chinois à base de racines, de feuilles et de rhizomes de différentes plantes. Parmi ces volontaires, certains avaient déjà pris de la metformine (un autre médicament contre le diabète) quand les autres n’avaient jamais rien avalé contre leur maladie.
Cinq pilules de Xiaoke par jour et l’hypoglycémie recule
Au cours de l’expérience, les paramètres physiologiques relatifs au trouble métabolique ont été relevés et à la fin, les épisodes hypoglycémiques étaient décomptés. L’hypoglycémie, quand le sang est trop pauvre en sucres, peut entraîner des crises graves en l’absence de prise en charge. Or, les traitements antidiabétiques ont justement pour objectif d’abaisser les quantités de sucres dans le sang. Ils provoquent donc des effets secondaires parfois indésirables.
Conclusions : les deux traitements suivis s’avèrent aussi efficaces pour diminuer la glycémie et donc soigner la maladie. En revanche, les patients sous pilules Xiaoke relatent moins d’épisodes hypoglycémiques. Parmi ceux qui avaient déjà été traités, on dénombre 24 % de crises en moins. Pour les autres, les naïfs, ce chiffre grimpe même à 41 %. Le médicament chinois permet donc de mieux stabiliser les taux de sucres à un niveau sain.
Désormais, il reste à déterminer comment ces pilules Xiaoke agissent. Une étude chinoise aurait par exemple montré que l’un des composés, la racine de kudzu, protége les neurones de l’hypoglycémie. Une autre recherche met en évidence l’action des molécules de la racine d’astragale sur des régions du cerveau considérées comme des capteurs du manque de sucres. Mais à vrai dire, on ignore encore presque tout du sujet…

Les pilules Xiaoke, utilisées en médecine traditionnelle chinoise depuis des siècles contre le diabète, se composent notamment de racines de kudzus (ou puéraires), dont on voit la fleur à l'image. On y trouve aussi des fruits de la plante&nbsp;<em>Schisandra sphenanthera</em> par exemple...&nbsp;© Peggy Greb, USDA, Wikipédia, DP
Les pilules Xiaoke, utilisées en médecine traditionnelle chinoise depuis des siècles contre le diabète, se composent notamment de racines de kudzus (ou puéraires), dont on voit la fleur à l'image. On y trouve aussi des fruits de la plante Schisandra sphenanthera par exemple... © Peggy Greb, USDA, Wikipédia, DP

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