Comment vit-on après 40-50 ans de diabète 1 ?

Auteur : Pascale Solère  19 avril 2013


Montpellier, France — Quel est le devenir des diabétiques de type 1 ? C'est la question numéro un des parents de petits diabétiques. Or « même si l'enquête JUBILE n'est pas nécessairement représentative, elle montre qu'on peut avoir une vie pleine tant du point de vue social que professionnel et être en relative bonne santé après 40-50 ans de diabète de type 1. Une bonne nouvelle pour les parents, les diabétiques eux-mêmes et les équipes médicales qui les prennent en charge » résume lePr Jean-Jacques Altman (Paris) qui présentait les premiers résultats de JUBILE lors du congrès de la Société Française du Diabète (SFD) [1].
L'enquête JUBILE, lancée fin 2010, auprès de 98 centres dans 21 des 22 régions françaises, a recruté 800 patients. En moyenne, chaque investigateur a inclus 13 patients. Pour chacun, un questionnaire médecin de 21 items plus un questionnaire patient de 62 items étaient remplis.
Les résultats présentés à la SFD portent sur les 570 premiers questionnaires sur un total de 776 questionnaires médecin/patient analysables.
Ces diabétiques ont 63 + 10 ans. Pour la moitié, ce sont des hommes.
Leur diabète a été diagnostiqué à l'âge de 15 + 9 ans. La durée de la maladie est de 48 + 7 ans. Parmi eux, 53% sont diabétiques depuis plus de 50 années.
Leur HbA1c est en moyenne à 8,5%. Ils sont pour la plupart à 4 injections par jour. Les deux tiers d'entre eux font plus de 5 surveillances autoglycémiques (dextros) journalières. Enfin, la majorité (62%) n'ont pas fait d'autre acidocétose que celle initiale au diagnostic.

Des patients plutôt en bonne santé et bien insérés socialement

Globalement, 24% de ces diabétiques ont une micro ou macroalbuminurie, 70% une rétinopathie non proliférative modérée ou sévère et 11% une acuité visuelle limitée (moins de 3/10). En revanche, seulement un sur cinq (19%) a un antécédent coronaire (angor, infarctus, stent, pontage) et 6% ont fait un AVC.
Plus de 80% sont autonomes. Beaucoup conduisent, font du sport, des voyages...
En termes de vie familiale, 72% sont en couple. Ils ont en moyenne 1,6 enfants (vs 2 en moyenne nationale). Et il n'y a pas de différence entre femmes et hommes diabétiques pour le nombre d'enfants. Plus de 80% des femmes ont d'ailleurs une médiane de 2 enfants.
Côté activité professionnelle, malgré leur âge, 60% sont encore en activité. Pour les retraités, l'âge moyen de la retraite est de 59,6 ans (vs 59,1 ans en moyenne INSEE). « Ils travaillent donc autant si ce n'est plus que les non-diabétiques » commente le Pr Altman. Néanmoins attention, on a une sur-représentation dans cette enquête des cadres et professions intellectuelles supérieures. Ils sont 38% dans JUBILE versus 16% en moyenne INSEE.
Enfin, en termes de troubles de la personnalité, aucun trait particulier ne ressort.
On ne note pas non plus de différences entre ceux ayant plus de 50 ans de diabète et les autres, ni entre ceux vivant en milieu urbain ou rural sauf en termes d'activités culturelles.
Fort de ces résultats, des déclinaisons de l'étude JUBILE devraient être lancées en Belgique, Suisse, au Québec...
« Si l'on regarde l'insuline par le petit bout de la lorgnette, on en oublierait presque à quel point elle a bouleversé le pronostic des diabétiques de type 1. Ce qu'illustre aujourd'hui JUBILE » commente le Pr Michel Marre (Paris).

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