Diabète : le pancréas du futur sera “bio-artificiel”


SOPHIE GUIRAUD
28/03/2013, 06 h 00

  Le professeur Renard et son équipe du CHU de Montpellier développent une solution révolutionnaire pour les diabétiques.
Le professeur Renard et son équipe du CHU de Montpellier développent une solution révolutionnaire pour les diabétiques. (M. ESDOURRUBAILH)
Les équipes montpelliéraines sont très investies dans ce projet européen qui pourrait faciliter la prise en charge du diabète de type 1. Les premiers patients seront implantés ici.
Après les pompes à insuline, le pancréas bio-artificiel ? C’est le futur de la prise en charge du diabète de type 1, maladie du sujet jeune qui touche 300 000 personnes en France, 25 millions dans le monde et de plus en plus d’enfants de plus en plus tôt, qui se dessine aujourd’hui au congrès francophone de Montpellier. Au-delà des dernières innovations sur la maladie.
Une poche en tissus perméable remplie de cellules qui sécréteront de l’insuline
Le point de départ reste intangible : un diabète de type 1 se caractérise par la disparition de cellules des îlots de Langherans (dans le pancréas), chargées du contrôle de la glycémie par la sécrétion d’insuline. Avec un risque d’hypoglycémies et d’hyperglycémie aux effets dévastateurs.
Avec le pancréas bio-artificiel, "on implantera sous la peau du ventre une poche en tissus perméable remplie de cellules qui sécréteront de l’insuline de manière quasi-physiologique", explique Eric Renard, coordonnateur du département d’endocrinologie-diabétologie-nutrition du CHU de Montpellier, très investi dans ce projet européen qui mêle les universités de Montpellier, Oxford et Louvain, ainsi que des PME à Strasbourg, à Paris, en Écosse. Les partenaires ont profité du congrès montpelliérain pour faire un bilan d’étape.
Les effets secondaires de la greffe supprimés
Le dispositif est particulièrement intéressant. D’abord, "plus besoin d’utiliser des traitements anti-rejet", lourds et mal supportés. On supprime aussi les effets secondaires de la greffe, "qui augmente le risque infectieux et augmente le risque de cancer à plus ou moins longue échéance", précise Eric Renard.
Les chercheurs sont aussi en passe de lever un autre obstacle : la pénurie d’îlots de Langherans qu’il faut prélever chez des sujets en état de mort cérébrale. Aujourd’hui, à peine 0,01 % des diabétiques de type 1 reçoivent ainsi une greffe d’îlots. "On pourrait utiliser des cellules animales", indique Eric Renard. Enfin, le système intègre des canaux permettant de récupérer des cellules mortes et d’injecter des nouvelles.
"C’est l’avenir de la greffe, le traitement idéal"
Reste de nombreuses inconnues, trouver un moyen d’assurer la survie des cellules, par exemple. Mais "c’est l’avenir de la greffe", prédit Eric Renard, qui annonce qu’une première mondiale devrait être réalisée d’ici trois ans au CHU de Montpellier, avec un patient du Languedoc-Roussillon. En phase d’essai, il est prévu d’intégrer douze malades de la région dans un premier protocole, quatre à Oxford. En attendant, des essais seront lancés chez l’animal (le macaque).
Scientifiques et médecins touchent enfin au but. Le projet, lancé en 1996, a bénéficié depuis d’une succession de financements européens. Avec un dernier coup de pouce de la Commission il y a un an (5,5 M€) pour "valider cliniquement" le procédé.
TOUJOURS À LA POINTE

Il y a deux ans, l’équipe d’Eric Renard présentait déjà une 1re mondiale : un patient a été équipé 18 heures avec une pompe à insuline autonome, sur un dispositif qui associe une pompe classique (25 000 patients en France) et un système automatisé de délivrance de l’hormone, à partir de capteurs de mesure du glucose placés sous la peau. 7 autres patients ont suivi au CHU, une trentaine dans le monde. Le dispositif est « fiable à 97,7 % », juge Eric Renard. Sans incidents majeurs. D’autres tests sont prévus.

http://www.midilibre.fr/2013/03/27/diabete-le-pancreas-du-futur-sera-bio-artificiel,667749.php


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