Chroniques émergentes : les Etats se lancent dans la lutte contre le diabète

  


Hier, nous avons vu que corollaire de la croissance économique et de l’occidentalisation des modes de vie et de consommation, se développent nombre de maladies “occidentales” dans les pays émergents. Parmi elles, l’obésité et le diabète. Avec 25% de diabétiques en plus chaque année, la Chine est touchée de plein fouet. Or le diabète a un coup social mais aussi financier qui pèse de plus en plus sur des économies qui ont fait de leur population un outil de leur croissance.
Le diabète coûte de plus en plus cher aux Etats
Le diabète est en effet l’une de ces maladies dites “chroniques” qui coûtent très cher aux systèmes de santé. En 2011, les dépenses de santé liées au diabète (médicaments, appareils, frais médicaux dus aux conséquences de la maladie) ont été estimées à au moins 465 milliards de dollars. Soit 11% des dépenses de santé au niveau mondial pour la tranche des adultes (de 20 à 79 ans).
En matière de dépenses de soin, l’inégalité est évidemment criante entre pays développés et pays les plus pauvres. Les pays les plus riches concentrent à eux seuls 80% de ces dépenses alors qu’ils ne représentent que 20% des malades dans le monde. Quelques chiffres pour illustrer cette différence : en 2011, les Etats-Unis ont dépensé 201 milliards de dollars dans les soins liés au diabète (21 millions de malades) tandis que la Chine n’a consacré que 17 milliards de dollars à ses 92 millions de diabétiques.
Un coût qui ne cesse de s’aggraver alors que l’épidémie se répand comme une traînée de poudre – en particulier dans les pays émergents. Au niveau mondial, les dépenses de santé liées au diabète devraient atteindre 595 milliards de dollars d’ici 2030.
A ces soins de santé, il faut ajouter les coûts que l’on pourrait appeler “indirects”, c’est-à-dire la perte de productivité liée à la maladie. Un diabétique sera plus souvent en arrêt maladie, peut-être moins productif et même dans l’incapacité de travailler. Ces coûts indirects sont extrêmement difficiles à calculer mais sont très certainement bien supérieurs aux seules dépenses de santé. Selon une étude menée par l’Association américaine du diabète, les coûts indirects du diabète feraient perdre 58 milliards de dollars par an à l’économie américaine (sur un PIB de 15 000 milliards de dollars en 2011).
Les Etats entrent dans la bataille contre le diabète
Conscients de la progression de la maladie et des risques qu’elle fait peser sur leur économie, nombre de pays émergents ont lancé de vastes programmes de prévention contre le diabète. Dès la fin des années 1990, le gouvernement chinois a mis en place différents programmes pour ralentir la progression de la maladie. Le diabète représente déjà plus de 13% des dépenses de santé du pays et Pékin craint de voir la facture s’envoler dans les années qui viennent.
Les objectifs de Pékin sont ambitieux : d’ici à 2015, 40% des diabétiques doivent avoir accès à un traitement de base qui permettra à 60% d’entre eux de contrôler leur glycémie. Même si le gouvernement chinois parvient à mettre en oeuvre un tel plan, seul un quart des diabétiques chinois bénéficiera d’un traitement adapté.
Consciente des besoins en matière de diabète, Pékin encourage depuis 2004 les partenariats avec les laboratoires étrangers et l’utilisation de médicaments issus des laboratoires occidentaux en plus des traitements traditionnels.
Des initiatives dans lesquelles s’impliquent de plus en plus de laboratoires occidentaux dans une démarche gagnant-gagnant. En 2011, le laboratoire français Sanofi a décidé de soutenir le China Initiative for Diabetes Excellence lancé par le Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies et la Société chinoise de diabétologie. Ce programme de cinq ans a pour objectif de former 500 experts du diabète mais aussi 10 000 médecins “communautaires ou ruraux”. Sanofi n’est pas le seul laboratoire à apporter son soutien financier et logistique aux programmes de lutte contre le diabète.
Tous les laboratoires présents en Chine, ou souhaitant s’y implanter, multiplient les initiatives. Une raison à cela : les émergents représentent un marché extrêmement porteur.
[Dans Défis & Profits, je vous propose ce mois-ci de miser sur la réaction des Etats émergents face à l'épidémie galopante de diabète en investissant dans un laboratoire spécialisé contre cette maladie et qui a commencé à s'implanter en Chine il y a plus de 40 ans. Ce leader mondial de la pharmaceutique est extrêmement bien placé pour accompagner la lutte mondiale contre cette maladie de la croissance qu'est le diabète. Une recommandation à retrouver ce mois-ci dans Défis & Profits]
http://quotidienne-agora.fr/2013/02/28/chroniques-emergentes-etats-lutte-contre-diabete/

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