Activité physique et diabète : un peu est toujours mieux que rien

Publié le 20/03/2013


Chez le diabétique, la mortalité globale et cardiovasculaire est supérieure de 50 à 60 % par rapport à celle des non diabétiques et les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité chez le diabétique aux USA. Parmi les mesures destinées à réduire les facteurs de risque cardiovasculaire figurent en bonne place l’augmentation de l’activité physique quotidienne. Cependant, l’intérêt de l’activité physique dans la prévention de la mortalité cardiovasculaire chez le diabétique reste imparfaitement établi dans la pratique courante, éloignée des « interventions » des essais contrôlés. Ainsi, le praticien doit le plus souvent se contenter de recommandations générales dont on ne sait à quel point elles seront suivies.
Disposer de preuves quantifiées des bénéfices de l’activité physique sur le pronostic vital des patients semble donc utile à la fois pour renforcer la conviction du médecin, le guider dans sa prescription (degré d’activité physique à atteindre notamment) et la motivation du patient autant que son adhésion à un programme efficace.
Le but de cette méta-analyse était de préciser les relations entre la poursuite d’un niveau habituel d’activité physique et la mortalité toutes causes ainsi que la survenue d’une maladie cardiovasculaire chez le diabétique, en recherchant  un lien de type dose-effet.
Une revue de la littérature internationale a été menée sur différentes bases de données électroniques. Les travaux retenus étaient des études de cohorte prospectives ou rétrospectives où il n’y avait pas eu de programme d’intervention pour promouvoir l’exercice physique, où tous les patients étaient diabétiques, ou la mortalité toute cause ou la maladie cardiovasculaire étaient des critères indépendants de jugement et où l’on pouvait calculer (en terme d’odds ratio ou de risque relatif) les effets de l’activité physique par comparaison entre un degré d’activité élevé et un degré d’activité faible. Parmi 4 815 articles identifiés, 17 concernaient des études remplissant ces critères.
La  diminution de la mortalité globale a été estimée à 39 % chez les patients ayant l’ activité physique la plus importante par rapport à ceux ayant l’activité physique la plus faible (Risque relatif [RR] : 0,61 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 0,52-0,70) et en ce qui concerne l’incidence de la maladie cardiovasculaire, la diminution a été calculée à 29 % (RR : 0,71 ; IC95 : 0,60-0,84).  L’analyse par modèle de régression linéaire a donné des résultats concordants avec une corrélation assez étroite entre niveau d’activité physique, d’une part, mortalité globale (r2 ajusté =0,44 ; p=0,001) et MCV (r2 ajusté =0,51 ; p=0,001), d’autre part. Chaque MET supplémentaire (Metabolic Equivalent Task, unité de métabolisme énergétique au repos) « dépensé » par heure d’activité physique par jour est apparu susceptible de réduire la mortalité de 9,5 % et l’incidence de la MCV de 7,9 %.
En bref, cette méta-analyse suggère que, chez le diabétique, plus l’activité physique est élevée, plus grand est le bénéfice en termes de réduction de la mortalité globale et d’incidence de la MCV. Les informations proviennent d’études d’observation en majorité prospectives (16/17) et les critères de jugement sont robustes.
Elles suggèrent aussi que toute activité physique, même modeste a un effet positif et que c’est « toujours mieux que rien ».


Dr Philippe Tellier

Kodama S et coll. : Association Between Physical Activity and Risk of All-Cause Mortality and Cardiovascular Disease in Patients With Diabetes. A meta-analysis. Diab Care 2013 ; 36:471–479.

Commentaires