Les dents claquent avec le diabète !


Les maladies parodontales chroniques (MPC) sont favorisées par le tabagisme et le diabète, entre autres facteurs de risque. Ce dernier serait impliqué au travers de nombreux phénomènes biologiques : réponse inflammatoire exacerbée face aux infections, découplage entre catabolisme et anabolisme osseux, effets des produits avancés de la glycation. La prévalence des MPC est élevée chez le diabétique, si l’on en croit les résultats des études cas-témoins publiées à ce jour mais on manque de données pour préciser l’importance du lien entre diabète et MPC, notamment en fonction du type de diabète et de la qualité du contrôle glycémique .
Cette étude de cohorte prospective réalisée en Poméranie a inclus 2 626 patients (dont 53 % de femmes, âge : 20-81 ans) sélectionnés à partir de la SHIP (Study of Health in Pomerania). Les participants, atteints ou non d’un diabète de type 1 ou 2, ont été suivis pendant 5 années, à la fois par des diabétologues et des stomatologues.
Plusieurs groupes ont été constitués : (1) absence de diabète (n=2 280) ; 2) diabète de type 2, contrôlé (n=80) ou non (n=72) ; 3) diabète de type 1 contrôlé (n=43) ou non (72). Le diagnostic de  MPC a été évoqué sur trois critères principaux : (1) la profondeur de la poche parodontale au sondage (PPS) soit la distance entre la gencive marginale et le fond de la poche ; (2) la perte d’attachement dentaire (PAD) (quatre sites/dent) ; (3) la perte dentaire.
La comparaison intergroupe a reposé sur une analyse multivariée par régression logistique multiple. Comparativement aux témoins, chez les patients atteints d’un diabète de type 2, la PPS moyenne s’est avérée plus élevée (p<0,05). Il en a été de même chez ceux atteints d’un diabète de type 1 ou 2, dans les 2 cas non contrôlé,  pour ce qui est de la PAD (p<0,05 versus témoins). Qui plus est, le risque de perte dentaire à long terme s’est trouvé nettement majoré en cas de diabète de type 1 ou 2, là aussi non contrôlé (p<0,05 vs témoins). Au passage, un participant sur trois, diabétique ou non, a perdu au moins une dent au cours des cinq années du suivi.
En bref, cette étude de cohorte longitudinale tend à accréditer le fait que le diabète, quel que soit son type, accélère la progression des MPC et accroît de manière significative le risque d’amputation du capital dentaire. La constatation qui vaut pour lien de causalité concerne plutôt les diabétiques dont la maladie n’est pas contrôlée.


Dr Philippe Tellier

Demmer RT et coll. : The influence of type 1 and type 2 diabetes on periodontal disease progression: prospective results from the Study of Health in Pomerania (SHIP). Diab Care 2012 ; 35 : 2036-42.

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