Le diabète et sa descendance à la loupe en France


PARIS (AFP) - 09.05.2012 16:54 - Par Olivier THIBAULT

Une étude originale pour mieux cerner les critères de prédisposition au diabète et mettre en place des actions de prévention plus ciblées a été lancée mercredi en France avec le recrutement de 500 familles "tests"
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AFP/Archives - Sajjad Hussain
Une étude originale pour mieux cerner les critères de prédisposition au diabète et mettre en place des actions de prévention plus ciblées a été lancée mercredi en France avec le recrutement de 500 familles "tests".
L'étude Descendance est un "programme unique au monde de collecte d'informations génétiques au sein des familles", focalisé sur le diabète sucré de type 2, forme la plus courante d'une maladie en nette progression (avec une poussée anticipée de 26% du nombre de diabétiques en France d'ici à 2020).
Environ 2,5 millions de personnes, soit 4% de la population adulte française, souffre de diabète de type 2, qui a la particularité d'être une "maladie avant tout familiale", selon le Dr Guillaume Charpentier qui préside le CERITD (Centre d'études et de recherches pour l'intensification du traitement du diabète) et dirige le programme Descendance.
Les spécialistes estiment actuellement que "60% du risque de diabète est d'origine génétique", indique le diabétologue et généticien Philippe Froguel, responsable de l'unité Génomique et maladies métaboliques du CNRS, située à l'Institut Pasteur de Lille.
Mais, dans la plupart des cas, les mécanismes génétiques sont complexes et impliquent plusieurs gènes. Seuls 5% des cas sont des diabètes "monogénétique", avec un seul gène concerné.
Dans la forme "polygénétique" du diabète, les gènes ont un effet cumulatif dans le déclenchement de la maladie: pris séparément un seul de ces gènes n'augmenterait que de 10 à 20% le risque de survenue du diabète.
Le risque pour un enfant, dont un seul des parents est diabétique, de développer la maladie est estimé à 30%. Ce risque est de 60% si les deux parents le sont, selon le Pr Froguel.
L'étude Descendance vise précisément à comprendre pourquoi dans une famille avec un ou même deux parents diabétiques, l'un des enfants développera la maladie et l'autre non, explique le Dr Charpentier, qui dirige le service de diabétologie du Centre hospitalier sud-francilien.
Prévention ciblée
Ce programme doit aboutir d'ici à deux ans et demi à la mise au point d'un "diagnostic génétique de prédisposition au diabète de type 2".
Il s'agit d'identifier dans les familles de parents diabétiques, les enfants qui ont de grandes chances de développer un diabète plus tard alors qu'ils sont encore jeunes et en bonne santé, et de les distinguer de frères ou de soeurs qui, eux, ne courent aucun risque.
Ces personnes à haut risque pourront alors bénéficier de mesures préventives ciblées et sur le long terme, surtout en matière d'habitudes alimentaires et d'hygiène de vie, parfois avec l'apport de médicaments pour prévenir la survenue de la maladie.
"Mettre en place une prévention ciblée est primordial", souligne le Dr Charpentier.
Jusqu'à présent les efforts en la matière, qui ciblaient essentiellement les sujets obèses, voire ceux avec de petites anomalies de la glycémie, ont été "un peu décevants": le suivi a montré que la moitié d'entre eux développaient malgré tout un diabète.
Ces actions préventives s'avèrent "trop tardives", car "il faut agir chez les jeunes gens ou enfants" pour être efficace, explique le Dr Charpentier. Mais, pour ce faire, il faut pouvoir repérer les personnes "hautement prédisposées".
Le programme Descendance prévoit de recruter 500 familles de diabétiques avec, parmi les critères, au moins un enfant non diabétique et âgé de plus de 35 ans.
Un numéro vert (0 800 300 341) a été mis en place. Les participants doivent accepter de remplir un questionnaire et de faire une prise de sang pour l'analyse génétique.
© 2012 AFP

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