Obésité : des préjugés tenaces même dans le monde médical !

Publié le 17/07/2014

A un moment où l’obésité est considérée comme une maladie et une menace sérieuse à la santé publique, on assiste à une augmentation des préjugés vis-à-vis des obèses. Ils sont perçus comme paresseux, non motivés, « inesthétique», et de plus, comme entièrement responsables de leur condition. Ceci se traduit par une discrimination dans tous les domaines de la vie courante, tel que l’emploi, et jusque dans le domaine judiciaire (les « gros » sont plus facilement condamnés par les jurés !).
Que dit la loi pour les protéger ? Rien, et paradoxalement, notre société occidentale à l’affût pour dénoncer le moindre préjugé (parfois abusivement), reste aux abonnés absents dans ce domaine.
On aurait pu espérer que le monde médical reste à l’écart de cette vindicte collective. Mais malheureusement cela ne semble pas être le cas comme l’ont montré de nombreuses études. Cette attitude négative se répercute sur la qualité des soins et diminue les chances des obèses de sortir de leur condition.
Une nouvelle étude allemande confirme cette situation. Elle a été conduite en 2011 au sein de l’hôpital universitaire à Leipzig. Un questionnaire a été soumis à l’ensemble des médecins et de tous les professionnels de la santé. Au total, 39 % des personnes ont répondu (682 individus dont 150 médecins et 150 du corps infirmier).
Une partie du questionnaire basé sur le « Fat Phobia scale » évalue la perception qu’on a des obèses en choisissant entre des épithètes contraires, portant sur 14 points, tels que : paresseux/diligent, beau /laid etc.… L’autre partie évalue la qualité des soins prodigués aux obèses et les causes (perçues) de l’obésité.
Les résultats suivants ont été mis en évidence :
-les obèses ont eu droit à presque toutes les épithètes négatives du questionnaire.
-seulement 25 % des sondés considèrent que l’état actuel des soins aux obèses était « bon » ou « très bon »
-la plupart de sondés considèrent que l’obésité est due à l’absence de volonté, à l’excès alimentaire et au manque d’exercice. Les facteurs génétiques et environnementaux ont rarement été invoqués. Cette attitude culpabilisatrice diminuait avec les années d’expérience des professionnels et chez ceux qui considèrent que l’obésité était due à des causes largement indépendantes de la volonté des malades.
-cette stigmatisation se traduit par un changement préjudiciable dans le comportement aboutissant à une plus grande agressivité et plus de négligence dans les soins aux obèses.
Faudrait-il légiférer contre ce « racisme anti-obèse » ?
Dr Rodi Courie
RÉFÉRENCES
Sikorski C et coll. : Results of a Representative Study on Stigma and Causation of Obesity. European Congress on Obesity (Sofia, Bulgarie) : 28-31 mai 2014.
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